Le bloc-note d'Ivan Rioufol
Os meus leitores do gosto que tenho em ler Ivan Rioufol à sexta-feira no Le Figaro.
Esta semana não é excepção e a sua coluna de hoje Le bloc-notes é altamente recomendável.
Mais uma vez o debate sobre a Turquia está na ordem do dia. Em França, este tema é um tema quente, com debates muito acesos, e que divide largamente os políticos e o homem da rua. Eis o que Rioufol diz sobre o tema (destaques meus):
Fronde contre la pensée unique
Bonne nouvelle : la pensée unique a du plomb dans l'aile, grâce à la Turquie. Certes, la moutonnerie a encore de beaux jours en France : il suffit d'entrer dans une librairie pour s'en persuader, devant la somme de livres accablant Bush et les néoconservateurs comparé à la rareté de ceux dénonçant Ben Laden et sa barbarie. Plus généralement, il demeure ardu d'aller à contre-courant du conformisme qui impose à tous le respect des tabous et des sens interdits. Néanmoins, une fronde naissante est peut-être en train d'ébranler ces consensus établis.
Les Français, sourdement, disent l'inconcevable : ils ne veulent pas de la Turquie en Europe, parce que ce pays est musulman. Les hommes politiques ont beau s'affoler d'un argument si peu convenable – tous s'empressent de dire que la religion n'a rien à y voir –, leur retenue indiffère une majorité de l'opinion. Celle-ci donne raison à l'amère analyse d'Uluc Ozulker, ambassadeur de Turquie en France (1) : «Si la Turquie était chrétienne, il n'y aurait aucun problème.» C'est vraisemblable.
Les donneurs de leçons s'indignent de cette attitude si peu «fraternelle». Mais leur moralisme ne culpabilise plus autant : les Français, qui observent la difficile intégration maghrébine et la fragilité de leur nation, n'ont plus mauvaise conscience à passer outre les matraquages sur l'antiracisme, la xénophobie ou le respect de l'Autre. Ce qu'ils pensent est honorable : ils craignent qu'un puissant pays islamique ne dénature la démocratie européenne en la rejoignant.
Les dithyrambes sur la Turquie «européenne» et «laïque» taisent une partie de la réalité, née de la réislamisation du monde musulman. Comme l'explique le spécialiste Alexandre Del Valle (2), «le visage pro-occidental et «laïque» de la Turquie kémaliste est connu ; celui d'une Turquie ultranationaliste souvent intolérante et maintenant néo-islamiste l'est beaucoup moins». Comment, par exemple, oublier la victoire, le 3 novembre 2002, des «islamistes modérés» de l'AKP aujourd'hui au pouvoir ? Ils sont en rupture avec l'héritage d'Atatürk et seule l'armée reste garante de la laïcité.
Les Français se révèlent, dans leur refus d'accepter la Turquie (à 75% selon un sondage de Libération), attachés à leur civilisation, qu'ils croient vulnérable. Ils ne peuvent en être blâmables. Quand Jacques Chirac s'inquiète de la protection des Pygmées, «qui sont l'un des peuples les plus menacés de disparaître», nos concitoyens rappellent que leur propre culture risque aussi de se dissoudre dans un espace européen n'ayant plus le droit de se prévaloir de ses héritages judéo-chrétiens et prêtant le flanc à une Turquie légitimement fière d'être musulmane.
Cette surprenante résistance au politiquement correct est un signe d'exaspération, que les hommes politiques ne devraient pas négliger. Les citoyens, qui se préoccupent de leur destin, veulent désormais avoir leur mot à dire. Ce serait une faute de les ignorer.
Mas, Rioufol também trata o assunto do futuro comissário Buttiglione:
Le «scandaleux» M. Buttiglione
Décidément, le politiquement correct se décline inépuisablement, jusque dans les couloirs du Parlement européen. Cette fois, le scandale est venu de Rocco Buttiglione, pressenti au poste de commissaire chargé de la justice et des affaires intérieures. Il est reproché à ce catholique italien proche de Jean-Paul II d'avoir dit :«A mon avis, l'homosexualité est un péché», en ajoutant «mais cela ne doit pas influencer la politique». Il a également déclaré, selon le compte rendu officiel : «Une femme a le droit d'avoir des enfants et de bénéficier de la protection d'un homme.» (La version des médias lui fait dire : «La famille existe pour permettre à une femme d'avoir des enfants et d'avoir un mâle qui les défend»). Effroi donc cette semaine chez les députés européens dénonçant des propos homophobes et sexistes. Curieusement, ces grandes consciences ne se seront jamais offusquées de la présence du théologien islamiste Tariq Ramadan dans un groupe de «sages» nommé par Romano Prodi, président sortant de la Commission. Ramadan est celui qui oeuvre à la réislamisation des musulmans et qui demande un «moratoire» pour la lapidation des femmes. A Bruxelles, certains le trouvent plus fréquentable que le trop chrétien Buttiglione.
De facto, em Bruxelas, um muçulmano (bem sei que ele não será comissário) que não consegue condenar a lapidação de mulheres adúlteras, mas apenas propor uma moratória, pode pertencer a um grupo de sábios da UE (ele que até é cidadão suíço) sem que ninguém se indigne. Já alguém que acha que a homossexualidade é um "pecado", mas que disse saber distinguir entre moralidade e legalidade (e acção política), é um homófobo que vai ameaçar as liberdades e garantias na Europa e a igualdade entre homens e mulheres.
Esta Europa anda à deriva...
Esta semana não é excepção e a sua coluna de hoje Le bloc-notes é altamente recomendável.
Mais uma vez o debate sobre a Turquia está na ordem do dia. Em França, este tema é um tema quente, com debates muito acesos, e que divide largamente os políticos e o homem da rua. Eis o que Rioufol diz sobre o tema (destaques meus):
Fronde contre la pensée unique
Bonne nouvelle : la pensée unique a du plomb dans l'aile, grâce à la Turquie. Certes, la moutonnerie a encore de beaux jours en France : il suffit d'entrer dans une librairie pour s'en persuader, devant la somme de livres accablant Bush et les néoconservateurs comparé à la rareté de ceux dénonçant Ben Laden et sa barbarie. Plus généralement, il demeure ardu d'aller à contre-courant du conformisme qui impose à tous le respect des tabous et des sens interdits. Néanmoins, une fronde naissante est peut-être en train d'ébranler ces consensus établis.
Les Français, sourdement, disent l'inconcevable : ils ne veulent pas de la Turquie en Europe, parce que ce pays est musulman. Les hommes politiques ont beau s'affoler d'un argument si peu convenable – tous s'empressent de dire que la religion n'a rien à y voir –, leur retenue indiffère une majorité de l'opinion. Celle-ci donne raison à l'amère analyse d'Uluc Ozulker, ambassadeur de Turquie en France (1) : «Si la Turquie était chrétienne, il n'y aurait aucun problème.» C'est vraisemblable.
Les donneurs de leçons s'indignent de cette attitude si peu «fraternelle». Mais leur moralisme ne culpabilise plus autant : les Français, qui observent la difficile intégration maghrébine et la fragilité de leur nation, n'ont plus mauvaise conscience à passer outre les matraquages sur l'antiracisme, la xénophobie ou le respect de l'Autre. Ce qu'ils pensent est honorable : ils craignent qu'un puissant pays islamique ne dénature la démocratie européenne en la rejoignant.
Les dithyrambes sur la Turquie «européenne» et «laïque» taisent une partie de la réalité, née de la réislamisation du monde musulman. Comme l'explique le spécialiste Alexandre Del Valle (2), «le visage pro-occidental et «laïque» de la Turquie kémaliste est connu ; celui d'une Turquie ultranationaliste souvent intolérante et maintenant néo-islamiste l'est beaucoup moins». Comment, par exemple, oublier la victoire, le 3 novembre 2002, des «islamistes modérés» de l'AKP aujourd'hui au pouvoir ? Ils sont en rupture avec l'héritage d'Atatürk et seule l'armée reste garante de la laïcité.
Les Français se révèlent, dans leur refus d'accepter la Turquie (à 75% selon un sondage de Libération), attachés à leur civilisation, qu'ils croient vulnérable. Ils ne peuvent en être blâmables. Quand Jacques Chirac s'inquiète de la protection des Pygmées, «qui sont l'un des peuples les plus menacés de disparaître», nos concitoyens rappellent que leur propre culture risque aussi de se dissoudre dans un espace européen n'ayant plus le droit de se prévaloir de ses héritages judéo-chrétiens et prêtant le flanc à une Turquie légitimement fière d'être musulmane.
Cette surprenante résistance au politiquement correct est un signe d'exaspération, que les hommes politiques ne devraient pas négliger. Les citoyens, qui se préoccupent de leur destin, veulent désormais avoir leur mot à dire. Ce serait une faute de les ignorer.
Mas, Rioufol também trata o assunto do futuro comissário Buttiglione:
Le «scandaleux» M. Buttiglione
Décidément, le politiquement correct se décline inépuisablement, jusque dans les couloirs du Parlement européen. Cette fois, le scandale est venu de Rocco Buttiglione, pressenti au poste de commissaire chargé de la justice et des affaires intérieures. Il est reproché à ce catholique italien proche de Jean-Paul II d'avoir dit :«A mon avis, l'homosexualité est un péché», en ajoutant «mais cela ne doit pas influencer la politique». Il a également déclaré, selon le compte rendu officiel : «Une femme a le droit d'avoir des enfants et de bénéficier de la protection d'un homme.» (La version des médias lui fait dire : «La famille existe pour permettre à une femme d'avoir des enfants et d'avoir un mâle qui les défend»). Effroi donc cette semaine chez les députés européens dénonçant des propos homophobes et sexistes. Curieusement, ces grandes consciences ne se seront jamais offusquées de la présence du théologien islamiste Tariq Ramadan dans un groupe de «sages» nommé par Romano Prodi, président sortant de la Commission. Ramadan est celui qui oeuvre à la réislamisation des musulmans et qui demande un «moratoire» pour la lapidation des femmes. A Bruxelles, certains le trouvent plus fréquentable que le trop chrétien Buttiglione.
De facto, em Bruxelas, um muçulmano (bem sei que ele não será comissário) que não consegue condenar a lapidação de mulheres adúlteras, mas apenas propor uma moratória, pode pertencer a um grupo de sábios da UE (ele que até é cidadão suíço) sem que ninguém se indigne. Já alguém que acha que a homossexualidade é um "pecado", mas que disse saber distinguir entre moralidade e legalidade (e acção política), é um homófobo que vai ameaçar as liberdades e garantias na Europa e a igualdade entre homens e mulheres.
Esta Europa anda à deriva...